Alcooliques Anonymes de la région Auvergne

Région Auvergne

Muriel
Muriel aurait pu avoir une vie bien rangée, linéaire, avec famille et travail. Seulement à 15 ans, l'alcool est venu s'en mêler et rendre le parcours plus chaotique.

Avec sa salopette bleu claire et ses cheveux bruns coupés au carré, Muriel ressemble à une adolescente insouciante. Difficile de lui donner 29 ans. Assise à côté de ses "amis" des Alcooliques Anonymes, elle évoque les " années boisson ".

" J'ai bu mon premier verre à 15 ans ", raconte-t-elle. A l'époque, les copains faisaient du rugby et la troisième mi-temps s'arrosait démesurément. Muriel n'en manquait pas une pour suivre son mari, joueur . " Mais ce n'était que le week-end au début ", se souvient-elle. Dans la semaine, le travail empêchait toute tentation. Jusqu'au chômage... " là, j'ai commencé à boire toute seule, d'abord un apéritif, puis un deuxième et de plus en plus ", avouent-elle, avant de tirer sur sa cigarette roulée.
Les disputes de couple ont aussi suivi la pente ascendante. Muriel évoque le départ avec son gamin, la coupure chez ses grand-parents et la rechute. La voix se fait un peu plus saccadée, en revenant sur ce passé et ses blessures. " Le chômage encore et la tentation de boire pour se sentir mieux, s'accepter ". Maintenant, sous la lumière dorée de la salle, Muriel parle avec une sérénité nouvelle de sa tentative de suicide et des échecs des cures de désintoxication. " Je suis partie, ce n'était pas la solution ", tranche-t-elle.
La solution, elle l'a trouvée aux Alcooliques Anonymes, malgré les mises en garde et les idées reçues. " Au départ, je croyais trouver seulement des personnes plus âgées, des hommes, mais j'ai quand même poussé la porte ". Comme quand on ne sait plus vers qui se tourner.
Sourire et petite lueur dans ses yeux marrons. "Pour moi, le principe d'abstinence 24 heures sur 24 heures a été essentiel ". Les autres approuvent. Avec le groupe et les expériences de chacun, Muriel a appris "à faire la fête sans alcool ". Elle a reconquis son équilibre, un travail. Avec un second mari " qui sait tout ", et deux enfants. En écoutant les autres, elle note, réfléchit et puis ajoute : " Nous, les malades alcooliques sommes des écorchés vifs. Maintenant, je me méfie des grandes joies et des grandes peines, car je pourrais retomber ".

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